2 Poemas de Emmanuel Hocquard

 

Bonita.

Olhos rindo, uma vaga tristeza na

expressão do rosto.

 - Como soletras este nome?

tudo o que poderia ser dito seria turvado pelo

rumor dos carros na estrada, em frente à

padaria.

Piero Della Francesca.

Fique satisfeito, por hoje, por comprar

metade de um pão.

Bom dia vendedora Viviane .

«Denuncie toda a correspondência obscena ao gerente

dos correios.»

Desde o começo do verão ou do naufrágio do Titanic.

                                                               

                                       In Un Test de Solitude, P.O.L. [Um Teste de Solidão] 1998

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 Outubro. O regresso dos Piscos-de-pelo-ruivo. O que eu tenho

sob os olhos.

Viviane é Viviane. Única, evidente.

Dizer-te que eu a vi.

Como eu a vi, tendo apenas esse nome à minha

disposição.

Mostrar-te o meu olhar

eu a vi assim.

Viviane é Viviane.

É dizer que construo uma solidão.

É em Ti que penso.

Único sorriso.

Eu falo-te do meu sorriso.

Sua boca.

                                      In Un Test de Solitude, P.O.L. [Um Teste de Solidão] 1998

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 Jolie.

Des yeux rieurs, une vague tristesse dans

l'expression du visage.

-comment épelez.vous ce prénom?

tout ce qui pourrait être dit serait brouillé par la

rumeur des voitures sur la route, devant la

boulangerie.

Piero della Francesca.

Contente-toi, pour aujord'hui, d'acheter un

demi-pain.

Bounjour Viviane Vendeuse.

dénoncez tout courrier obscêne au régisseur

des postes

Depuis le début de l'été ou le naufrage du Titanic

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 Octobre. Le retour des rouges-gorges. Ce que j'ai

sous les yeux.

Viviane est Viviane. Seule, évidente.

Vous dire que je /'ai vue.

Comment je /'ai vue, n'ayant que ce nom à ma

disposition.

Vous montrer que mon regard

je /'ai vue ainsi.

Viviane est Viviane.

C'est-à-dire je construis une solitude.

C'est à vous que je pense.

Sourire unique.

Je vous parle de mon sourire.

Sa bouche.

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Emmanuel Hocquard (1940 - )

Charles Baudelaire, "Embriagai-vos" (Enivrez-vous)

Tradução: João Coles

 

"À votre guise", fotografia: joão Coles

"À votre guise", fotografia: joão Coles

Embriagai-vos

Deveis estar sempre embriagados. Aqui reside tudo. É a única questão. Para não sentir o horrível fardo do Tempo que vos esmaga os ombros e vos verga para a terra, é imperativo embriagar-se sem descanso.

Mas de quê? De vinho, de poesia ou de virtude, a vosso gosto. Mas embriagai-vos.

E se por acaso, sobre os degraus de um palácio, sobre a relva verde de uma vala, na morna solidão  do vosso quarto, acordardes de embriaguez diminuída ou desaparecida, perguntai ao vento, à onda, à estrela, ao pássaro, ao relógio, a tudo o que foge, a tudo o que geme, a tudo o que roda, a tudo o que canta, a tudo o que fala, perguntai que horas são; e o vento, a onda, a estrela, o pássaro, o relógio vos responderão: “É hora de vos embriagardes! Para que não sejais escravos martirizados do Tempo, embriagai-vos; embriagai-vos sem cessar! De vinho, de poesia ou de virtude, a vosso gosto. 

  

In Le Spleen de Paris


Enivrez-vous

Il faut être toujours ivre. Tout est là. C’est l’unique question. Pour ne pas sentir l’horrible fardeau du Temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve.

Mais de quoi? De vin, de poésie, ou de vertu, à votre guise. Mais enivrez-vous.

Et si quelquefois, sur les marches d’un palais, sur l’herbe verte d’un fossé, dans la solitude morne de votre chambre, vous vous réveillez, l’ivresse déjà diminuée ou disparue, demandez au vent, à la vague, à l’étoile, à l’oiseau, à l’horloge, à tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit, à tout ce qui roule, à tout ce qui chante, à tout ce qui parle, demandez quelle heure il est; et le vent, la vague, l’étoile, l’oiseau, l’horloge, vous répondront: “Il est l’heure de s’enivrer! Pour n’être pas les esclaves martyrisés du Temps, enivrez-vous; enivrez-vous sans cesse! De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise.